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O. V. de L. Milosz

Commentaire de deux poèmes

 

Commentaire de La Nuit de Noël de 1922 de l'Adepte. 1

Poème : La Nuit de Noël de 1922 de l'Adepte. 6

 

Psaume du Roi de Beauté, puis son commentaire. 9

Commentaire du Psaume du Roi de Beauté. 10

 

 

 

Commentaire de La Nuit de Noël de 1922 de l'Adepte

 

Pour comprendre autant qu'il est possible le sens conceptuel de l’œuvre de Milosz, sens  poétique mis à part (Sur le sens poétique, se référer à mon livre Anté-Matière [1] ). Il faut tâcher de le rejoindre dans son univers de connaissance et de croyance. Bien que né « d’un père anticlérical militant, d’une mère juive non croyante [2] », il se dit « animé d’un esprit rigoureusement catholique », il faut donc respecter ce fait et interpréter principalement son œuvre poétique à partir de ce centre doctrinal que constitue pour lui le catholicisme. D'autant plus que ces Derniers poèmes que nous expliquons sont nécessairement ceux de la maturité de Milosz dans sa foi.

Au tout début de ce poème, Milosz impose explicitement cette interprétation chrétienne par l’emploi du « signe vainqueur de la croix » ; en effet c'est toujours en bénissant par le signe de croix qu'un chrétien commence une activité qu'il veut conforme à sa religion. Vers le début du Cantique de la Connaissance, Milosz prévient d’éventuels lecteurs : « Je ne m'adresse qu'aux esprits qui ont reconnu la prière [à Dieu] comme le premier entre tous les devoirs de l'homme. » Ainsi Milosz écarte comme lecteurs ceux qui ne croient pas en la prière. Il va jusqu’à ajouter que « … la science, …, Ne seront comptées qu'aux esprits qui, de leur propre mouvement, ont reconnu la nécessité absolue de l'humiliation dans la prière. ».  Milosz écarte de son œuvre les commentateurs « la science » qui n’auraient pas « reconnu la nécessité absolue de l'humiliation dans la prière [3] » !

 

Il faut bien préciser Milosz comme catholique, voire orthodoxe, et non seulement chrétien, car par exemple Milosz exalte la notion de sacrifice personnel « Afin que je dépense sans mesure tout mon cœur à ce jeu solaire de l'affirmation et du sacrifice [4]». Il écrit aussi « Mon sang est de la pluie en un creux de ténèbres ; - Pour les autels du noble et du pur et du beau - j'ai cultivé des fleurs sous un soleil nouveau [5] ». Milosz explique dans ce dernier verset que son sang est de la pluie pour arroser des fleurs qu’il cultive. Or les chrétiens protestants n’offrent plus de sacrifices personnels, ils pratiquent un partage du pain et du vin, qui représente pour eux le simple  mémorial du sacrifice de Jésus-Christ. Mais le catholicisme prône l’offrande de sacrifices personnels, en plus du mémorial de celui de Jésus-Christ. De plus Milosz fait référence au sacrifice eucharistique du Christ quand il parle de pain rompu, ou de pain ordonné mangé à « cette sainte table » : « Je vais enfin m'asseoir à cette sainte table - Où je pourrai manger de ce pain ordonné - Nécessaire à ma vie et que j'ai moissonné. [6]» Ce pain, appelé « ordonné » par Milosz est l’hostie du culte catholique, provenant de farine apportée par celui qui offre un sacrifice farine « que j'ai moissonné » dit Milosz et que le prêtre « ordonné » offre à son tour à Dieu sur l’autel. Et quand Milosz écrit pain ordonné « nécessaire à ma vie », il veut parler de la vie éternelle que promet Jésus-Christ. C’est donc bien un univers catholique qu’il faut retrouver dans l’interprétation des écrits mystiques de O. V. de L. Milosz.

 

Milosz utilise aussi les chiffres bibliques 7 et 3. Usuellement le 3, surtout, est le signe du Dieu trinité (un seul Dieu en trois personnes). Dans Prières II [7], Milosz donne une explication, certes personnelle, où il est possible de reconnaître les trois personnes de la Trinité que sont le Un, qui est le Père ; le deux qui est Jésus-Christ la Lumière qui donne son sang ; et le trois représente pour Milosz l'Esprit-Saint, troisième personne de la trinité. Le 7 représente ce qui est parfait, pour la raison avancée souvent que Dieu fit la création en 7 jours. Et dans l’Apocalypse de saint Jean, le 7 représente les sept Esprits de Dieu en rapport avec l’Agneau de Dieu « un Agneau était debout: il semblait avoir été immolé; il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu envoyés par toute la terre. » (Ap 5, 7).

 

Voici donc maintenant une rapide explication conceptuelle de ce que j’ai pu comprendre de ce poème, sans trop de temps passé à le déchiffrer, ceci en guise d'exemple de lecture de Milosz. Les versets de ce poème, La Nuit de Noël de 1922 de l'Adepte, ont été numérotés afin de rendre plus pratique la référence aux passages expliqués (cf. ci-après ce commentaire).

 

Dans ce poème, Milosz parle de la grande lutte entre forces du bien et forces du mal, aboutissant à la naissance finale d’un monde de justice et d’amour. Noël est le jour de cet espoir, jour de la naissance (incarnation) de Jésus, fils de Dieu, celui qui a dit oui à son Père et à sa mission de sauveur de l’humanité. Jésus-Christ sera vainqueur final du mal par la croix, le mal étant incarné aussi en Satan, « le serpent ancien » du livre de l’Apocalypse (chap. 12, v. 9).

 

Ce poème est une vue poétique personnelle de Milosz inspirée de livres de foi judéo-chrétienne, en particulier les évangiles et le récit de l’apocalypse de saint Jean. Et nous  verrons que ce dialogue pourrait être celui de Jésus-Christ (l’Adepte) avec Marie sa mère et épouse (Béatrix). Mais aussi, car un adepte doit imiter le Christ, entre Jésus-Christ l’Epoux et tous ses adeptes, dont il « épouse » les âmes. Milosz dit bien qu’il « épouse » Jésus-Christ, « tu me marias à ta conscience ». Il s’agit bien de Jésus car il est « guéri au côté, aux pieds et aux mains » car ressuscité après son supplice de la croix, où il fut cloué aux mains et aux pieds, puis enfin percé au coté avec une lance : « Tu descendis alors, guéri au côté, aux pieds et aux mains, […]. Et dans un rire de solaires légions, tu me marias à ta conscience…[8]».

                                  

L’Adepte dit en ligne 2 à Béatrix : « Faites silence dans ce corps, le mien, terrestre demeure. Car vous remuez trop, car vous faites un bruit comme de pas dans ma tête et dans mon cœur. » Béatrix est donc dans le corps de l’Adepte ! Ce n'est pas surprenant si l’Adepte est le Christ, car Jésus dit dans l'évangile de saint Jean : « vous demeurez en moi, et moi en vous [9]». De plus en ligne 11 Béatrix appelle l’Adepte « cher époux », et « sainte Face », qui est le nom donné par les chrétiens au visage de Jésus-Christ, l’Homme-Dieu. L’Adepte est donc bien Jésus-Christ, en ce sens qu’il fait la volonté de Dieu son Père, il est Adepte de son Père ; et Béatrix fait donc partie de la communion des saints, ceux à qui le Christ dit « vous demeurez en moi, et moi en vous », puisqu’elle est dans le Corps de Jésus-Christ. Cette communion des saints est au corps spirituel des personnes ce que le panthéisme est au corps charnel et à la matière en général, à ceci près que la notion de communion des saints implique une union des intelligences et des volontés des personnes arrivées à la sainteté. La notion hindoue du panthéisme matériel et la « communion des saints » spirituelle, sont deux notions décrivant des réalités complémentaires. L’homme étant un individu unique en ses diverses composantes corporelles et spirituelles, il est soumis à l’esclavage déterminé du panthéisme par son corps charnel, et son chemin de libération s’effectue par l’entrée progressive de son corps spirituel dans la « communion des saints », un tout qui s’appelle le Corps du Christ et dont Jésus est analogiquement la « tête », et dans lequel, si les corps spirituels sont en coalescence, les personnes restent distinctes par leurs moi respectifs. Ainsi l’homme retrouvera l’empire perdu de la liberté du corps spirituel sur la détermination du corps charnel ; son esprit retrouvera la domination sur la matière, après une renaissance spirituelle, dans une vie au-delà de la mort. C’est ce que dit ici Milosz quand il fait dire ligne 20 à l’Adepte, et aussi en 22 à Béatrix, « Je renais, et cependant, je meurs » ; Milosz associe ici une mort charnelle à la renaissance d’une vie spirituelle : la vie éternelle. D’où aussi le sens de l’épilogue du poème dans la remarque de Béatrix ligne 25 « C'est la vie délivrée. ». Dans le Cantique de la Connaissance, Milosz évoque aussi que « L'esprit et le corps luttent quarante ans » et « la fin d'une captivité de l'esprit [10]». C’est Jésus dans l’évangile de saint Jean qui demande aux hommes de renaître de l’esprit (Jean 3, 3-6).

 

Ligne 11 Béatrix dit : « Il siffle encore, il rampe encore quelque chose d'atroce au fond. », en 14 elle dit « J'en vois mille, dix mille ! ». Béatrix décrit des serpents malfaisants qui sifflent et rampent. L’Adepte lui répond ligne 12 « Je n'en vois qu'un. », il fait référence au Serpent des origines, ce serpent est Satan[11], le diable, qui est l’Adversaire à la mesure divine de Jésus. Mais de là où elle est, Béatrix voit de nombreux serpents, ce sont les démons, les troupes malfaisantes aux ordres de Satan. « Ils sont légions » précise Béatrix ligne 11, « Légion » est le nom d'une troupe de démons dans l'évangile « Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux. » (Evangile de saint Marc 5, 9). Béatrix crie en 14 « Montjoie Saint-Denis », qui est le cri de guerre des rois français capétiens, et en appelle à la protection de Michel, l’archange chefs des troupes célestes de Jésus, et de Georges, un personnage légendaire toujours représenté en train de tuer le Dragon, autre symbole de Satan dans l’Apocalypse (Ap 12, 7-9). Mais ligne 15 l’Adepte Jésus lui dit à nouveau qu’il ne voit qu’un seul Serpent, mais il le dit « par la grâce de la vue du milieu » (ligne 6). Le milieu est le lieu de l’harmonie, (cf. plus loin l’explication dans notre commentaire du Psaume du Roi de Beauté). Ce Milieu représente le » centre de gravité » entre Jésus-Christ et Dieu son père. Des évangiles il ressort bien que toute la possibilité du bien tient à l’unité entre Jésus et son Père. Donc le centre de gravité de ce bien est analogiquement le milieu entre Jésus et son Père. Par cette vue divine donc, Jésus ne « voit » qu’un seul Serpent, le chef. Jésus sait que Satan est le père du mensonge (Evangile de saint Jean 8, 44), le chef des démons, le premier qu’il faille combattre réellement.

 

Ligne 17 l’Adepte parle de « Sept cris terribles dans la nuit », il fait références aux sept « cris » des trompettes des sept anges de l’apocalypse de saint Jean, qui apportent des calamités sur un tiers de la terre. Ce tiers fait référence au nombre des anges qui devinrent mauvais, les démons, qui suivirent Satan et furent envoyé par lui sur terre : « un grand dragon rouge … entraînait le tiers des étoiles du ciel, et il les dépêcha sur la terre » (Ap 12, 3-4).

 

Ligne 9 l’Adepte s’adresse au « divin maître », c’est ici Jésus Fils de Dieu qui s’adresse à Dieu son père. Il lui demande « implore pour moi ta sainte épouse la Blancheur. ». L’épouse de Dieu, la Blancheur, est Marie, la mère de Jésus qui est « immaculée conception » dans la tradition catholique, c’est à dire née sans péché. Béatrix en 11 répond « cher époux » à l’Adepte qui lui dit juste avant « viens, épouse », les deux formant, nous l’avons vu, un même corps. On note ici un premier rapprochement, une première analogie, entre Marie épouse de Dieu, et Béatrix, épouse de l’Adepte. Plus loin en 18 l’Adepte Jésus traduit une notion théologique chrétienne selon laquelle, d’une certaine manière, son épouse est aussi sa mère, et même sa fille. En effet Dieu est substantiellement un en trois personnes (le Père, Jésus le fils, et l'Esprit-Saint). Considérant Dieu en trois personnes divines, Marie est la fille du Père, l’épouse de l’Esprit-Saint, et la mère de Jésus. Mais considérant que Dieu est un, Marie est mère, épouse, et fille de Dieu ! Jusqu’ici dans le poème, Béatrix est épouse de l’Adepte Jésus, et Milosz joue sur cette notion théologique de la Trinité pour faire de Béatrix, non seulement l’épouse, mais aussi la mère de l’Adepte, c'est-à-dire qu’il rend Béatrix analogue à Marie. En effet lignes 18 et 20 l’Adepte en renaissant (spirituellement) est un « nouveau-né » égaré et s’adresse donc à Béatrix lui demandant « où sommes nous ? », Béatrix qui devient « jeune mère » (spirituellement). Puis ensuite en 20 il appelle Béatrix non plus « épouse » mais « femme » comme Jésus appelle sa mère Marie dans l’évangile de Jean (chap. 2, 4). Milosz associe aussi en 23 le visage de Béatrix à celui de la fuite en Egypte, « O visage, visage de fuite en Egypte », faisant ainsi référence à un épisode de l’évangile de saint Luc, où après la naissance de Jésus, lui-même avec Marie sa mère et Joseph son époux se réfugia en Egypte.

De même dans ce poème, l’Adepte qui est Jésus-Christ, est aussi chaque personne adepte de la doctrine chrétienne, et qui renaît spirituellement dans le Corps de Jésus-Christ… devenant substantiellement « un » avec Lui. En effet par la communion des saints, Jésus-Christ et les « adeptes » sont spirituellement un seul Corps ; donc la tête qui est le Christ, représente chaque adepte. Et ses nouveaux adeptes sont aussi par leurs âmes, « épouses » de Jésus-Christ, par analogie aux évangiles où l’épouse et l’époux forment un seul corps… En effet la voie de sainteté des chrétiens prône l’imitation de Jésus-Christ. De ce fait Milosz assimile un chrétien à Jésus-Christ. l’Adepte est donc premièrement Jésus, mais ensuite il représente tous ces « imitateurs », c'est-à-dire ceux qui ont comme Lui donné leur vie pour leurs amis « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Ev. de saint Jean, chap. 15, 13).

 

Bien entendu, il serait inutile de vouloir chercher trop de rigueur conceptuelle à cette forme d'écriture. Dans ce poème particulier la forme poétique prime et la visée d'une transmission d'un savoir est secondaire, nous le pensons de ce poème en particulier car il reste très obscur en certaines parties, alors que la doctrine catholique est plus claire concernant ses sujets conceptuels. Cependant, la source et signification chrétienne de ce poème est évidente pour un chrétien un peu théologien, même si les images bibliques sont reformulées dans une expression personnelle de l'auteur. Tel le prophète biblique, on peut dire que Milosz a "avalé", en partie au moins, le livre[12] de la bible. C'est-à-dire qu’il a si bien intégré et digéré en profondeur une teneur de la révélation judéo-chrétienne, qu'elle prend résurgence en lui sous des formes proches d'une certaine vérité de mystères selon l'orthodoxie catholique, tout en étant loin des formalisations un peu sèches d'un catéchisme convenu et nécessairement simplificateur. Il serait vraisemblable aussi que Milosz, par souci de discrétion, veuille voiler une expérience personnelle vivante de Dieu ; une expérience d’un Dieu vivant rencontré par lui, ce que certains appellent une expérience « mystique ». C'est la grandeur de ce poète de prendre ce corpus de connaissance et d'expérience enfouies en son âme profonde, pour nous la transcender ainsi poétiquement dans la beauté. 

 

Ce commentaire de La Nuit de Noël de 1922 de l'Adepte est bien entendu incomplet, une piste pour le continuer serait, par exemple, d'approfondir le rapport entre le texte de Milosz et l'Apocalypse de saint Jean, où les évangiles, qui servent beaucoup de trame à cette narration poétisée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Poème : La Nuit de Noël de 1922 de l'Adepte

 

L'ADEPTE

 

1    Faisons, — sept fois pour le passé, et pour nos trois jours à venir, trois fois — le signe, le signe ! le signe nourrissant, désaltérant, rafraîchissant, — nos mains, nos fronts, nos cœurs, — le signe vainqueur, le signe vainqueur de la Croix.

2   Et vous, Béatrix, paix à vous, reposez-vous ! Faites silence dans ce corps, le mien, terrestre demeure. Car vous remuez trop, car vous faites un bruit comme de pas dans ma tête et dans mon cœur. Ô sept années déshéritées ! Ma robe de patience m'a quitté lambeau par lambeau.

 

BÉATRIX

 

3   Tu dis vrai, maître. Oui, c'est bien la septième année de l'œuvre candide et secret. Sept années, maître ! Mais, cette nuit, ils vont naître d'une miraculeuse et semblable merci, l'un à Bethléem, l'autre ici.

 

L'ADEPTE

 

4   Les parents dorment là, tendres métaux époux ; dans cet œuf appuyé sur le feu nuptial. Qu'ils sont beaux, innocents !

 

BÉATRIX

 

5   Tu les vois donc ? Comment ? Dans cet œuf hermétique ? Avec quels yeux ?

 

L'ADEPTE

 

6   Chère enfant, par la grâce de la vue du milieu. Et puisque nous nous connaissons depuis sept ans, je te touche le front.

 

BÉATRIX

 

7   Adieu, espace, temps.

 

L'ADEPTE

 

8   Le clocher va bientôt sonner ses douze coups. Devant le cher fourneau, adorons à genoux.

 

(Silence)

 

9   Ô divin Maître, souviens-toi qu'il est, même pour toi, une Hauteur. Implore, implore pour moi ta sainte épouse la Blancheur.

 

(Silence)

 

10  Je regarde. Et que vois-je ? La pureté surnage, le blanc et le bleuté surnagent. L'esprit de jalousie, le maître de pollution, l'huile de rongement aveugle, lacrymale, plombée, dans la région basse est tombée. Lumière de l'or, charité, tu te délivres. Viens, épouse, venez, enfant, nous allons vivre !

 

BÉATRIX

 

11  Cher époux, prends garde ! Ecoute, regarde. Il siffle encore, il rampe encore quelque chose d'atroce au fond. Penche-toi, sainte face. Je ne sais ce qui se passe : ce que tu fais, ils le défont. Ils sont légions, obscurité, masse, menace...

 

L'ADEPTE

 

12  Je n'en vois qu'un. Il danse en rond dans la rigueur du rouge et du jaune et du noir, tout au fond du muet caveau. Chère dame, entre deux tombeaux, en vérité : celui d'Amour, celui d'Espoir. Ecoute, il crie... nul ne l'entend. Il voudrait, en dansant, sortir de l'espace et du temps.

13  Jadis, dans mes tentations, que ne suis-je mort en rêvant ! Tout, comme ici, était noir. Là-haut, plus loin que ma vraie vie, au bord du hideux entonnoir, hurlaient et geignaient les Harpies. Les eaux de Jupiter, de Vénus et de Mars se déversaient avec fracas sur les assises de l'infini.

 

BÉATRIX

 

14  J'en vois mille, dix mille ! Montjoie Saint-Denis, maître ! les nôtres, rapides, rapides, ensoleillés ! Au maitre des obscurs on fera rendre gorge. Vous, Georges, Michel, claires têtes, saintes tempêtes d'ailes éployées, et toi, si blanc d'amour sous l'argent et le lin...

 

L'ADEPTE

 

15  Ici encore, je n'en vois qu'un.

 

BÉATRIX

 

16  Troupe maudite ! ricaneurs ! spoliateurs ! calomniateurs ! Avec leurs froides, pâles épées atroces, dentelées, dans les larmes trempées, ils s'élancent... Ils l'ont saisi, ils l'entraînent... Tout est silence...

 

L'ADEPTE

 

17  Sept cris terribles dans la nuit : tout est fini, tout est fini. Fini terrestrement, fini petitement, fini, fini, irréparablement fini. Non. Il se soulève à demi : la blancheur de l'incandescence lui prend à deux mains, en silence, la tête. Elle le cajole ainsi. Souffle, soufflet, mais souffle donc ! il est tout transi...

18  Un cri nouveau, par sept fois, résonne. Est-ce un nom ? Je le crois. Le Maître me pardonne ! Il ouvre les yeux, il renaît. Il renaît, te dis-je. Il renaît, renaît, renaît, renaît, renaît ! Ô prodige ! regarde bien, penche-toi, jeune mère ! Le feu paternel rit, il n'est plus en colère. Quelle nuit ! mais c'est la dernière.

 

BÉATRIX

 

19  Le voici à nos pieds. Ô chose de lumière ! sainteté ! charité ! santé !

 

L'ADEPTE

 

20 Je renais, et cependant, je meurs. C'est comme il y a très longtemps, avant, avant, bien avant la dernière sortie du Semeur. Jeune mère, qu'arrive-t-il ? Où sommes-nous, moi homme et toi femme, à genoux ? Que signifie cela, ma chère, chère tête ?

21  Dehors, la sainte nuit est réelle, pourtant. Sur tout le corps du firmament en fête ruisselle une eau lustrale de beauté.

 

BÉATRIX

 

22  La lune, la grande diamantée, dans la saulaie muette du nuage, tisse en toute tranquillité son arantèle de miroitante cécité. Moi aussi, je renais, et cependant je meurs. Oui, c'est tout à fait comme avant la dernière sortie du Semeur.

 

L'ADEPTE

 

23  Comme tout ton être secret respire en moi, femme, eau sourde et salutaire sous la crypte. Oh ! ton visage comme l'Egypte ! Ô visage, visage de fuite en Egypte ! Ô mains comme un pain céleste rompu en deux ! Oh ! tes yeux si... tes yeux ! tes yeux !

24 C'est comme si mon âme avait déjà quitté la terrestre livrée. Qui donc a dit cela : Heureux, heureux amants. Le Rien dans son souffle inspiré me retient suspendu sur la montagne des Dormans. Mes chaînes de constellations sont rompues.

 

 

BÉATRIX

 

25  C'est la vie délivrée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Psaume du Roi de Beauté, puis son commentaire

 

1        Des îles de la Séparation, de l'empire des profondeurs entends monter la voix des harpes de soleils. Sur nos têtes coule la paix. Le lieu où nous sommes, Malchut, est le milieu de la Hauteur.

 

2        Les pleurs féconds versés dans une pensée à mon Père, les mondes d'or éclairent de beauté l'abîme. Royale tête qui pourtant reposes sur mon cœur, quel effroi de nombres tu lis dans la mémoire de la nuit !

3        Reine, sois femme vraiment par la compassion suprême. Toute blanche d'une pitié de la grandeur, songe au plus abandonné, au Créateur. Le lieu où nous sommes, Malchut, est le milieu de la Hauteur.

 

4        Devant le saint labeur des constellations, ne sens-tu pas ton cœur se déchirer ? Malchut, Malchut, épouse ! mère des générations ! L'espace, essaim d'abeilles sacrées, vole vers l'Adramand d'extatiques odeurs. Le lieu où nous sommes, Malchut, est le milieu de la Hauteur.

 

5        Car de la chose en mouvement l'immobile Absolu est le secret désir. Régent solaire, pieux semeur de ce qui doit naître et mourir, je n'aime que ce qui demeure. Moi-même, moi Microprosope ! je brûle de me transmuer.

6        Ici ou dans la profondeur, rien n'est situé ! rien n'est situé ! Toute réalité est dans l'amour du Père. Le lieu où nous sommes, Malchut, est le milieu de la Hauteur.

 

7        Paix sur la terre, ô mon épouse, ô femme ! paix dans tout l'empire irréel, aux âmes de douceur pour qui tu fais chanter les sept cordes de l'arc-en-ciel ! Quand je contemple, ô Reine, ta face renversée, j'ai le cher sentiment que toutes mes pensées naissent dans ton suave cœur ! Le lieu où nous sommes, Malchut, est le milieu de la Hauteur.

 

8        Et pourtant, — et pourtant je voudrais m'endormir sur ce trône du Temps ! Tomber de bas en haut dans l'abîme divin ! M'asseoir à jamais immobile parmi les sages. Oublier que le mot " ici " était absent de mon langage.

9        Car moi qui crée sans cesse pour mériter le Rien, je suis le désir de la fin, Malchut, de la fin, de la fin des fins ! Oh ! te coucher, épouse morte, dans mon cœur, et te ressusciter pour le jour éternel du Père ! Le lieu où nous sommes, Malchut, est le milieu de la Hauteur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaire du Psaume du Roi de Beauté

 

(Pour comprendre la ligne directrice de ce commentaire du Psaume du Roi de Beauté, se reporter s’il vous plaît au début du document, et lire les quatre premiers paragraphes du commentaire de La Nuit de Noël de 1922 de l'Adepte).

 

C’est ici le psaume du Roi de Beauté, c’est donc ce dernier, le Roi, qui parle dans ce poème. Il s’adresse à Malchut, qui dans la Kabbale est le dixième sephirot. En lignes 2, 6 et 9, le Roi fait mention du Père, qu’il dit être son Père en ligne 2. Dans une interprétation chrétienne, le Roi de Beauté, dont le Père est dans ce poème sujet d’expression comme « Toute réalité est dans l'amour du Père » (ligne 6) ou « te ressusciter pour le jour éternel du Père » (en 9), ce Roi est évidemment Jésus-Christ, qui est l’Homme Parfait, et son Père est Dieu le Père. Dans ce psaume c’est donc Jésus qui parle. Un psaume est une sorte de poème biblique contenu dans les bibles juives et chrétiennes au livre des Psaumes, et composé d’environ 150 prières écrites par des psalmistes, ou chantres, car ils étaient chantés à l’origine.

 

La Kabbale, il est très important de le noter pour comprendre ce poème, est une doctrine née après Jésus-Christ dans la diaspora, et après la disparition de l’état juif de Palestine en l'an 70 de l’ère chrétienne. C'est-à-dire que la Kabbale est née à une époque encore actuelle où la religion juive a perdu le temple de Jérusalem, donc tout moyen d’offrir les sacrifices requis pour observer l’alliance avec Yahvé le Dieu unique. Sans possibilité de sacrifices, le peuple juif n’a plus les moyens de la consécration individuelle d’un juif à Dieu, donc encore moins de la consécration d’un membre de la tribu de Lévi comme prêtre. Comme c’est le prêtre qui assume le lien des hommes vers Dieu, en le consultant par l'Urim et le Thummim [13], le peuple juif n’a normalement plus le moyen aujourd’hui par lui-même de ce contact personnel avec Yahvé-Dieu.

C’est donc dans ce grave contexte d’une certaine coupure avec Dieu, où même les péchés ne peuvent plus être pardonnés par les sacrifices, que naît la Kabbale chez certains juifs. Dans l’esprit de Milosz et des chrétiens, la possibilité de l’interprétation divine des anciennes écritures saintes juives la droite interprétation donc est passée de la tradition rabbinique à celle de Jésus-Christ, le Messie, qui en est le successeur légitime, à la fois Roi et Grand-Prêtre, comme l'a été implicitement Moïse. Cela n’empêche pas que la Kabbale puisse être étudiée par un chrétien, dans le but de mieux comprendre et aimer ceux qui l’étudient aussi, et aussi pour quelques points de vue intéressants qui s’y trouveraient.

Donc la religion chrétienne, dont l’origine est la partie du peuple juif qui a reconnu en Jésus-Christ son Messie annoncé par les saintes écritures, se considère comme l’héritière légitime de la religion d’Abraham et de Moïse ; ce sont les prêtres catholiques, et non plus les prêtres juifs inexistants [14], qui assurent la continuité des sacrifices pour l’entretien de l’alliance avec Dieu. Il faut dire que la tradition religieuse chrétienne se considère d'une certaine manière comme la tradition religieuse juive légitime. En effet la chrétienté se considère héritière d'Israël, le peuple de Dieu, et donc intégrée à ce peuple, en partie par adoption ; héritage donné non seulement héréditairement par les premiers chrétiens de sang juif, mais aussi par l’adoption des non juifs comme le demande la loi juive du livre de l'Exode[15]. En effet, par la « circoncision », un non juif peut-être intégré par adoption au peuple d’Israël. Dans la religion juive-catholique, depuis l’apôtre Paul, un juif du parti des pharisiens, la circoncision est remplacée par le baptême, qui est une sorte de circoncision spirituelle du cœur, et non de la chair[16].

 

 

Pour Milosz, Malchut est donc le représentant d’un courant juif qui a perdu la prêtrise, donc le pardon des péchés, et n’a pas encore connaissance de la véritable voie, et qui la recherche. Pour Milosz et les catholiques, la chose est grave car qui a perdu la prêtrise, donc le pardon des péchés, ne peut pas « gagner » le paradis. Ce psaume du Roi de Beauté, nous verrons, est le chant d’amour qu’adresse Jésus, ou le courant juif devenu chrétien, et Milosz aussi, à ce courant juif de la Kabbale pris comme représentatif de ceux qui ne reconnaissent pas encore le Sauveur Jésus-Christ comme le Messie. Il faut se rappeler que Milosz est de mère juive, il est donc lui-même juif ayant reconnu en Jésus le Messie, il voudrait faire partager ce bonheur à ses demi-frères juifs par le sang.

 

Le poème commence en ligne 1 par évoquer les « îles de la Séparation », ou « empire des profondeurs », où se trouve Malchut par rapport au Roi de beauté qui se tient au « milieu de la Hauteur », uni avec son Père, et sur les têtes desquels « coule la paix ». Le problème est donc posé, Malchut représente ceux qui sont séparés de Dieu, ceux donc auxquels le « paradis » est impossible. Au risque de dépasser les intentions de Milosz… on peut supposer de sa part en langue française un jeu de mots sur Malchut, qui signifirait aussi : mal chute, celui qui est tombé dans le mauvais sens, dans la voie erronée. Le Roi de beauté envoie à Malchut « la voix des harpes de soleils », la lumière de la connaissance en fait, qui vient en ligne 2 des « mondes d’or ». Cette voix des harpes de soleil est bien évidemment la parole du Verbe Jésus-Christ, c'est-à-dire les évangiles contenu dans la Bible chrétienne. Ligne 2, le Roi « éclaire de beauté l’abîme » où se trouve Malchut, dont la « royale tête » se trouve dans la nuit. Cette nuit étant celle de la non connaissance de la parole du Christ.

 

Dans ce poème, la réalité centrale est « l’immobile absolu » (ligne 5), c’est à dire le « paradis », ou plutôt Dieu le Père qui se tient dans la hauteur. Les valeurs sont donc inversées et ce qui est en mouvement le monde terrestre qui est dans l’abîme, éloigné du ciel est en mouvement d’un « secret désir » (en 5) vers Dieu, vers le haut ; et donc la force de gravitation véritable est inversée et fait tomber de bas en haut comme on le note ligne 8 « Tomber de bas en haut dans l'abîme divin », où l’on se tient assis « immobile parmi les sages »[17] (A propos d’inversion mystique de la gravitation, il est intéressant de lire le récit de conversion au catholicisme d’un homme, né en banlieue de New-York dans une famille juive « conservative », qui est « tombé au Ciel » en 1987 puis baptisé en 1992[17bis] ). De même en ligne 1, Malchut étant dans l'empire des profondeurs, « entends monter la voix des harpes de soleils » qui viennent du « milieu de la Hauteur » où se tiennent Jésus et son Père. Normalement Malchut devrait entendre les voix descendre !

Cet inversement des forces physiques tient au fait que, pour Milosz, la seule réalité ontologique est le royaume céleste ; logiquement par contraste, on note ligne 7 que la terre est « l'empire irréel ». Par cette image de l’inversement des valeurs du cosmos, Milosz généralise le fait que pour atteindre Dieu, il nous faille opérer une conversion radicale de nos valeurs et de nos concepts... et convertir avec l'aide de la grâce christique jusqu'à nos désirs. De même Milosz écrit de la conversion au Christ : « il n'est pas jusqu'au mot le plus universel, Ici, qui n'ait perdu à jamais son sens [18]». De cette conversion du désir même, Milosz fait dire au Christ en ligne 9 « je suis le désir de la fin », la fin étant la finalité que représente le royaume de Dieu, le paradis, lieu de l'union de volonté entre les hommes et avec Dieu. Fin que le Christ donne comme désir aux « Adeptes ». Milosz emploie les termes « secret désir » en ligne 5 pour dire que l’homme étant créature de Dieu, il est ontologiquement attiré vers la félicité que lui propose Dieu, même s’il en est inconscient par manque de connaissance de la parole de Jésus-Christ.

 

Et que représente ce « milieu de la Hauteur », si important qu’il ponctue chacune des six strophes de ce psaume ?

 

En se disant microprosope à la ligne 5, Jésus le Roi de beauté utilise le vocabulaire kabbaliste de Malchut, il utilise ses références culturelles pour communiquer avec lui et mieux se faire comprendre de lui. L’église catholique appelle cela de l’inculturation. De manière générale, Milosz emploie tant que ce peut des concepts kabbalistes pour expliquer des réalités catholiques. Dans la Kabbale, la beauté, ou le centre de l’harmonie, se trouve au milieu entre le microprosope, la petite face, et le macroprosope, la grande face [19].

                                                                                                                         

Microprosope « petite face » peut donc bien désigner Jésus, qui, appelé sainte face chez les catholiques, peut bien être petite face par rapport à son Père qui serait alors la grande face, ou macroprosope. Milosz utilise un certain flou dans les définitions pour désigner implicitement par macroprosope le père de Jésus, « Toute réalité est dans l'amour du Père. » dit le Roi de beauté en ligne 6 dans son psaume. Le microprosope désignerait aussi d'après une autre source : « le premier visage du monde créé en tant qu'aspect informel des choses à l'origine des transformations subséquentes [20]». En rapport avec cette dernière phrase, il est écrit ligne 5 « Moi-même, moi Microprosope ! je brûle de me transmuer ». Cela peut donc bien désigner aussi Jésus, qui est Dieu, mais comme en tant que potentiel, ou « informel » par rapport à son Père qui est et a toujours été, si on peut dire, totalement abouti. Jésus dit dans les évangiles qu’il fait seulement ce qu'il voit son Père faire. Et Jésus est le Verbe, le sauveur, qui s’incarne comme un tout petit enfant (« informel ») par lequel (par « l'origine » duquel) viendra la rédemption du monde et son épanouissement final (les « transformations subséquentes »).

Une autre source dit que le microprosope, « En tant que synthèse de toutes les émanations séphirotiques, Tiphereth (la Beauté) incarne à elle seule les mystères du Petit Visage : elle correspond au « Roi » ou au « Fils » ». Donc Jésus comme nous le pensons, est ici aussi Roi, fils, microprosope et petit visage, soit petite face. Il y est écrit aussi « Le Microprosope révèle les mystères et les lumières du Macroprosope [21]». Ce qui est cohérent avec Milosz et le tout début de l’évangile de saint Jean, où Jésus-Christ est écrit être le Verbe de Dieu, en quelque sorte donc le porte parole de Dieu son Père, pour, ce qui s’avère dans la suite des évangiles, révéler les mystères de Dieu son Père. D’après la confession de foi catholique, le Je crois en Dieu, Jésus-Christ est aussi « Lumière né de la Lumière ». C'est-à-dire que Jésus-Christ « Le Microprosope », en tant que Verbe de son Père, révèle bien « les mystères et les lumières du Macroprosope ».

 

Pour la Kabbale le centre de l’harmonie se trouve au milieu entre le microprosope et le macroprosope [22], donc pour Milosz entre Jésus et son père. Or, des évangiles il ressort que toute la possibilité du bien (l’harmonie) tient à l’unité entre le Christ et son Père. Donc le centre de gravité de cette harmonie est analogiquement le milieu entre le Christ et son Père, ou « milieu de la Hauteur ». Mais attention, « Ici ou dans la profondeur, rien n'est situé ! », ligne 6 Milosz veut dire que les notions d’espace sont relatives dans la réalité céleste ; ce milieu de la hauteur n’est pas, ou pas seulement, représentatif d’une grandeur physique, mais aussi de réalités de l’ordre métaphysique.

 

Quand le Roi de Beauté termine chaque strophe en disant « Le lieu où nous sommes, Malchut, est le milieu de la Hauteur. », c’est Jésus qui appelle Malchut à le rejoindre au lieu de l’harmonie suprême, dans le sein de Dieu, en quittant « l'empire des profondeurs », « l’abîme », où Malchut se situe d’après le début du poème ; Malchut représentant, nous l’avons vu, les courants juifs actuels ayant perdu la prêtrise, et n’ayant pas encore connaissance de la véritable voie qu’est la reconnaissance en Jésus-Christ du Messie prévu par leurs saintes écritures.

 

Ligne 2, Le Roi de Beauté, Jésus-Christ, montre son amour pour Malchut « Royale tête qui pourtant reposes sur mon cœur ». Il pleure cette séparation, et demande à Malchut, la « Reine » séparée de lui, d’avoir compassion pour lui, qui est en 3 « Créateur » et pourtant le plus abandonné de ses créatures représentées justement par Malchut. Le résumé de la foi catholique, le Je crois en Dieu, dit effectivement de Jésus-Christ que « par Lui tout a été fait », avec son Père, lors de la création de l’humanité. Milosz présente Jésus-Christ en Dieu créateur souffrant, demandant ligne 3 la « compassion » de ces propres créatures qui l’abandonnent, « compassion suprême » car compassion envers leur Dieu qui souffre de cet état de séparation.

 

En 7 voici un phénomène analogue au renversement de la gravitation déjà vu ; si la face de la Reine, ou Malchut, est renversée c’est que le Roi de beauté la voit, enfin, dans le bon sens : « Quand je contemple, ô Reine, ta face renversée, j'ai le cher sentiment que toutes mes pensées naissent dans ton suave cœur ». Pour Milosz ce qui renverse est l'amour ; en effet, le Roi voit vraisemblablement Malchut le contempler « par les yeux renversés de l'Amour [23]», expression de Milosz dans le poème Nihumin, qui semble relater les péripéties de sa propre conversion. Ce Roi voit dans le futur, ou espère, la conversion de Malchut qui est, ou était, dans le mauvais sens du non amour ; car ce qui reste aujourd’hui du peuple juif voit la réalité à l’envers en repoussant celui qui parle, le Roi de Beauté, le messie attendu par les juifs et non reconnu par une partie d’entre eux. Milosz dit ailleurs dans La Confession de Lemuel à propos du peuple élu, les juifs ses demi-frères de race, « Tout le drame du peuple élu S'est joué dans ce cœur profond. Ils ne savent pas ce qu'ils font. [24]». Milosz, en Malchut, voit ici ce peuple juif en cours de conversion car gagné par l’amour envers le Christ.

 

Dans ce poème, la Reine Malchut a donc la face renversée dans le bon sens, celui opéré par l'amour, ce qui montre qu’elle se laisse toucher au moins un moment par le Roi de beauté. Ceci symbolise l'espérance du Christ que les bonnes pensées envers Lui naissent dans le cœur du peuple juif séparé de Lui. Malchut est le dixième, le dernier des dix sefirot de la kabbale. Aux yeux pleins d'espérance du poète, être dernier comme Malchut doit représenter le point d’orgue dans la non reconnaissance de Jésus par les Kabbaliste, mais aussi la fin de cette non reconnaissance. Car le poète précise dans son poème Prières II parmi les « nombres de la connaissance » que le dixième, comme Malchut, est nombre « du retour du fils prodigue à la Maison du Père [25]», c'est-à-dire d’après l’évangile, le fils qui quitte la maison de Dieu et se sépare de lui, mais fini par y revenir (cf. Evangile de saint Luc, chap. 15, 11-24). Pour Milosz, ce nombre 10 est donc associé à son espérance de voir la communauté juive embrasser la foi chrétienne.

 

Ligne 3, le Roi de Beauté appelle Malchut Reine, ce qui est bien semble-t-il la dignité du dixième sephirot de la Kabbale. Cette reconnaissance exprime dans ce poème la considération de Dieu pour sa créature séparée de Lui, mais vraisemblablement revenue, ou à revenir.

Mais aussi ligne 4, Malchut est épouse et mère, « Malchut, Malchut, épouse ! mère des générations ! ». Le Roi de beauté, le Christ, le créateur, s’adresse à Malchut, qui est « épouse ! mère des générations ! ». Cela fait penser que Malchut serait aussi l’épouse de Dieu le Père. En effet, le chapitre 2 du livre d’Osée dans la Bible fait mention d’une mère épouse de Dieu qui le quitte et dont Dieu espère qu’elle revienne. Malchut pourrait alors éventuellement représenter aussi Sarah, la femme d’Abraham, dont est issu le peuple juif, et dont elle est mère en un certain sens, et dont Dieu est Père car le peuple juif est appelé dans la Bible « fils de Dieu » son « premier né [26]» ; donc en tant que mère du peuple fils de Dieu, Sarah peut-être considérée comme épouse de Dieu. C’est pourquoi il est cohérent que Malchut soit « mère des générations ». En effet Milosz veut dire que, malgré qu’une partie des juifs n’ait pas reconnu leur Messie, il reste que ce peuple est en un certain sens « mère » des générations de croyants chrétiens. En effet, ces générations sont, toujours ligne 4, « essaim d'abeilles sacrées, [qui] vole vers l'Adramand d'extatiques odeurs ». Du peuple juif sont donc issus les saints « essaim d'abeilles sacrées » qui se dirigent vers le paradis, « l'Adramand d'extatiques odeurs ». L'Adramand représenterait d’après Swedenborg le jardin d’Eden. Pour les juifs et les chrétiens, le jardin d’Eden, où furent établis Adam et Eve avant leur chute, est un paradis terrestre, mais la perspective eschatologique de Milosz fait penser qu’il désigne par Adramand le paradis « final », c'est-à-dire aussi selon la ligne 5 et comme nous l’avons expliqué plus haut, l'immobile Absolu vers qui L’Adepte voudrait que Malchut, et ses fils, le peuple juif, ou peuple premier né de Dieu, se mette en mouvement.

En effet, de ce peuple juif peut-on dire, sont issus spirituellement toutes les générations de croyants qui ont reconnus Jésus-Christ comme le Messie d’Israël. Pour dire cela, nous interprétons que dans l’œuvre de Milosz, les abeilles pourraient parfois représenter des saints. Par exemple dans ce passage de Les Eléments,  « Il est un beau rocher confiant, sans mystère, Bête aimante assoupie aux pieds d'or de l'été. Auréolé du vol des abeilles sauvages [27]». Milosz montre ici les abeilles, elles représentent des saints car elles auréolent Dieu qui est représenté par le rocher. Le rocher représente en effet Dieu dans la bible,  par exemple dans un psaume de David, « C'est vers toi, Yahweh, que je crie; "mon rocher, ne reste pas sourd à ma voix"» (Psaume 28, verset 1). Une auréole est le signe de la Sainteté de Dieu, et ces abeilles qui peuvent s’approcher ainsi de Dieu sont les saints. Milosz écrit aussi « le profond, terrible et beau murmure des sages abeilles du pays T'enseigne la langue oubliée (aux lourdes et tremblantes syllabes de miel sombre) Des livres noyés de Yasher. » (Dernier vers du poème Nihumim). Le « miel sombre » représente vraisemblablement l’offrande des saintes abeilles, « lourdes et tremblantes » et « sombre » évoquant le sacrifice douloureux associé à l’offrande.  Le livre de Yasher est cité dans la bible au livre de Josué (chap. 10, 13) et au deuxième livre de Samuel (chap. 1, 18), il est aussi traduit par Livre du Juste ; c’est un livre saint dont Milosz peut croire qu’il est perdu ? » la langue oubliée… Des livres noyés de Yasher ». Les « sages abeilles » sont donc ceux qui enseignent avec peine (« lourdes et tremblantes syllabes de miel sombre ») des livres saints oubliés, ils le font donc grâce à Dieu qui les leurs rappelle, car ils sont sages et saints.

 

Ainsi Malchut, c’est à dire la mère des générations, est mère du peuple Fils de Dieu, c'est-à-dire le peuple juif premier né de Dieu, mais mère aussi de ceux qui sont personnellement fils de Dieu, c’est à dire « mère » des Adeptes de Jésus-Christ élevés par Dieu à la nature divine. Il est en effet écrit dans la Bible chrétienne que Jésus, qui est fils de Dieu, est ou deviendra « l’aîné d’une multitude de frères [28]» dans sa divinité. Mais cette divinisation des saints hommes en fils de Dieu ne s’y fait pas sans difficultés : « la création tout entière gémit et souffre les douleurs de l'enfantement. [29]»

 

Ce poème du Roi de Beauté à Malchut est donc le chant d’amour du Christ, de Milosz, et des chrétiens, à son « épouse morte » (à la fin ligne 9) car séparée de lui par son âme, c’est à dire à ceux du peuple juif qui n’ont pas reconnu le Christ, dont l’âme n’est pas unie au Christ-Epoux et dont il attend le retour à la maison de Dieu-Père, « l'Adramand [30] d'extatiques odeurs » (ligne 4). On sent que Milosz est profondément habité lui-même par cette amoureuse pensée envers ses demi-frères du peuple juif, son peuple maternel, dont il espère la conversion au christianisme.

 

 

*  *  *     FIN    *  *  *



[1] Cf. page http://anté-matière.fr/esthetique-philosophie-art.html  

[2] Source : Association des amis de Milosz : http://amisdemilosz.org/Pages/ViePlus.html

[3] Ligne 23 à 25 du Cantique de la connaissance : livre numérique Milosz Poésie Tome 4, p 32, éditions Anté-Matière. « Je ne m'adresse qu'aux esprits qui ont reconnu la prière comme le premier entre tous les devoirs de l'homme. Les plus hautes vertus, la charité, la chasteté, le sacrifice, la science, l'amour même du Père, Ne seront comptées qu'aux esprits qui, de leur propre mouvement, ont reconnu la nécessité absolue de l'humiliation dans la prière. »

[4] Ligne 73 du Cantique de la connaissance : livre numérique Milosz Poésie Tome 4, p 35, éditions Anté-Matière.

[5] Ligne 61 de La Muse : livre numérique Milosz Poésie Tome 3, p 51, éditions Anté-Matière.

[6] Ligne 41 de Le Rocher : livre numérique Milosz Poésie Tome 3, p 10, éditions Anté-Matière.

[7] Prière II : livre numérique Milosz Poésie Tome 4, p 74, éditions Anté-Matière.

[8] Ligne 13 du Psaume de la Maturation : livre numérique Milosz Poésie Tome 4, p 69, éditions Anté-Matière.

[9] Evangile de saint Jean (6, 56). Le disciple en en Jésus-Christ, de même d’ailleurs que Jésus-Christ est en son Père et son Père en Jésus-Christ (évangile de saint Jean 14, 11).

[10] Respectivement Lignes 123 et 122 du Cantique de la Connaissance : livre numérique Milosz Poésie Tome 4, p 39, éditions Anté-Matière.

[11] Livre de l’Apocalypse (Chap 12, 9 ; Chap 20, 2 ), et Livre de la Genèse (Chap 3, 1).

[12] Livre de l’Apocalypse (chap. 10, 9)

[13] Bible – Livre de l’Exode, chap. 28, 30. – Premier livre de Samuel chap. 28, 6.

[14] Les rabbins ne sont pas des prêtres, ce sont des pasteurs disséminés sur le territoire et enseignant dans les synagogues qui ne sont pas des temples. Les prêtres juifs ne présentaient les sacrifices qu’au seul temple juif de Jérusalem jusqu’à la destruction de celui-ci en 70 de notre ère chrétienne. Les rabbins ne sont pas des prêtres juifs. Aujourd’hui, seuls subsistent les enseignement des rabbins qui ne sont pas habilités à offrir les sacrifices, n’ayant pas reçu l’onction de la prêtrise par un Grand-Prêtre, fonction qui n’existe plus chez les juifs. Paul de Tarse, dit saint Paul, un juif pharisien, dit qu’actuellement le nouveau Grand-Prêtre est Jésus-Christ qui officie par l’intermédiaire des « apôtres » que sont les évêques catholiques. Dans la Bible, le Livre des Actes des apôtres relate d’ailleurs que de nombreux prêtres juifs du temple de Jérusalem ont rejoints les chrétiens (Voir chap. 6, verset 7).

[15] Bible, Livre de l'Exode, chap. 12, 47 « Toute l'assemblée d'Israël fera la Pâque. Si un étranger séjournant chez toi veut faire la Pâque de Yahweh, tout mâle de sa maison devra être circoncis, et alors il s'approchera pour la faire, et il sera comme l'indigène du pays mais aucun incirconcis n'en mangera. Une même loi sera pour l'indigène et pour l'étranger séjournant au milieu de vous. »

[16] Que la véritable circoncision est une circoncision spirituelle du cœur, à ce sujet lire dans la Lettre de saint Paul aux Romains, la passage suivant : chap. 2, versets 25 à 29.

[17] Cette image est reprise par Milosz au philosophe Aristote. Milosz reprend ici la thèse du « premier moteur immobile » de la métaphysique d’Aristote. Pour Aristote en effet, la cause de tout doit être immobile en raison de la non régression à l’infini de l’enchaînement des causes. Ce qui veut dire, une cause ayant elle-même une cause, que ce raisonnement ne tient pas une infinité de fois, qu’il faut donc admettre une cause sans cause, une cause elle-même non causée. De même concernant le mouvement, un mouvement étant supporté par une cause immobile relativement par rapport à lui, comme le coureur s’appuie sur les starting block pour s’élancer. Mais ces starting block ont le mouvement de la planète terre de laquelle ils sont solidaires, terre elle-même mise en mouvement par quelque chose relativement immobile relativement à elle et sur quoi elle appuie son mouvement. La non régression à l’infini suppute de même un appui non en mouvement sur lequel s’appuie tous mouvements initiaux causes eux-mêmes de mouvement seconds… C’est pourquoi Milosz nomme Dieu le Père, ou plutôt  le royaume des cieux, « l’immobile absolu » qui attire à Lui les hommes.

De même qu’Aristote en occident, le taoïsme de Chine, à la même époque en la personne du philosophe Tchouang-tseu invoque la même démonstration de la non régression à l’infini de l’enchaînement des causes : « Ce qui fut avant le ciel et la terre (le Principe), fût-ce un être déterminé, ayant forme et figure ? Non ... Celui qui détermina tous les êtres (le Principe), ne fut pas lui-même un être déterminé. Ce fut l’être primordial indéterminé, duquel j’ai dit que ce qui fut est ce qui est. Il répugne logiquement que les êtres sensibles aient été produits par d’autres êtres sensibles en chaîne infinie. (Cette chaîne eut un commencement, le Principe, l’être non-sensible, dont l’influx s’étend depuis à son dévidage.) Comment sais-je que telle fut l’origine de tous les êtres ?.. Par cela (par l’observation objective de l’univers, qui révèle que les contingents doivent être issus de l’absolu). » (Source : Tchouang-tseu, chapitre 22, § K, Connaissance du Principe).

[17bis] Roy Schoeman est né en 1951 dans une famille juive orthodoxe ayant fui l’Allemagne nationale-socialiste. Il raconte son expérience de conversion au catholicisme : « As I was walking, lost in my thoughts, I found myself in the immediate presence of God. It is as though I "fell into Heaven." » (Source : site internet de Roy Schoeman : www.salvationisfromthejews.com/christversion.html ).

[18] Ligne 3 du Psaume de la Réintégration: livre numérique Milosz Poésie Tome 4, p 71, éditions Anté-Matière.

[19] Source : Introduction de Histoire de l'antique cité d'Autun, Par Edme Thomas, chez Dumoulin, édition de 1846, page LV de l’introduction.

[20] D’après Jean Alphonse, Réflexions candides sur l'épistémologie, page 118.         

[21] Kabbale - Au sujet du Macroprosope et du Microprosope on peut consulter en anglais les pages https://en.wikipedia.org/wiki/Arich_Anpin et https://en.wikipedia.org/wiki/Zeir_Anpin :

- Dans la Kabbale, le Macroprosope (Arich Anpin) y est identifié à la sephirah attribut de Ketter, la Divine Volonté. Il est dit descendre immanemment à travers tous les niveaux de la Création en tant que substrat caché de l'intention Divine. Sa dimension intérieure est identifiée comme étant le transcendant Partzuf Atik Yomin, l'Ancien des Jours (expression retrouvée dans la Bible au livre de Daniel 7, 22), synonyme de Délice Divin intérieur, la "Volonté des Volontés ou Volonté Primaire", la cause la plus pure de la Création.

- Le Microprosope (Zeir Anpin) est un aspect révélé de Dieu dans la Kabbale. Il agit comme la révélation du délice et de la volonté divine. L'imagerie du Zohar expose son rôle dans la création, où il est l'équivalent microscopique d'Arich Anpin (Le Macroprosope) dans l'arbre de vie séphirotique. Le Siphra Dtzenioutha le décrit comme le visage révélé de Dieu. Son tétragramme est YHVH (יהוה), le nom de Dieu dans l'israélisme. Le Microprosope (Zeir Anpin), sephirot émotionnelle centrée sur Tiferet (Beauté), est la révélation transcendante de Dieu à la Création, une manifestation perceptible de l'essentiel infini du Divin. Nukvah ("femme" de Zeir Anpin) est l'inhabitation immanente Shekhinah (cf. 1) (Présence Divine Féminine) au sein de la Création, la finitude Divine cachée (le nom Elokim/Elohim). Dans la Kabbale médiévale, le péché d'Adam, ainsi que le péché ultérieur, introduit une séparation apparente (perçue à partir de la création) entre les deux, entraînant l'exil et la constriction en Haut. La tâche de l'homme est de restaurer l'union (Yichud/Yichudim, cf. https://en.wikipedia.org/wiki/Yichudim ) aux manifestations divines Masculine et Féminine.  

(1) Source : https://en.wikipedia.org/wiki/Shekhinah#Kabbalah : La Shekhinah, la présence divine féminine juive, distingue la littérature kabbalistique de la littérature juive antérieure. Dans l'imagerie de la Kabbale, la shekhinah est la sefirah la plus manifestement féminine, la dernière des dix sefirot, désignée de manière imagée comme "la fille de Dieu". La relation harmonieuse entre la femme shekhinah et les six sefirot qui la précèdent cause le monde lui-même a être soutenu par le flux d'énergie divine. Elle est comme la lune qui reflète la lumière divine dans le monde. 

[22] Voir note précédente.

[23] Ligne 108 du poème Nihumim: livre numérique Milosz Poésie Tome 3, p 97, éditions Anté-Matière.

[24] Ligne 112 de La Confession de Lemuel : livre numérique Milosz Poésie Tome 4, p 48, éditions Anté-Matière.

[25] Ligne 12 et 13 du poème Prières, 2ème partie: livre numérique Milosz Poésie Tome 4, Derniers poèmes, p 75, éditions Anté-Matière.

[26] « Israël est mon fils, mon premier-né » dit Dieu, Bible, livre de l’Exode chap. 4, 22.

[27] Ligne 4 de Le Rocher : livre numérique Milosz Poésie Tome 3, Les Eléments, p 9, éditions Anté-Matière.

[28] Bible, Lettre de saint Paul aux Romains, chap. 8, verset 29.

[29] Bible, Lettre de Saint Paul aux Romains, chap. 8, 22.

[30] Adramand, ou adramandoni, étant d’après Swedenborg le jardin d’Eden, le paradis ou délice de l'amour conjugal. Ãdrãmand est aussi une ville iranienne, en limite de l’ancienne Mésopotamie, du coté de la mer Caspienne. Certains disent que le jardin d’Eden, le paradis terrestre perdu, était dans cette région du monde.







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